Vulcano – Bain de boue, bain de soufre
- Par Nature Source Chaude
- Publié le
- Mis à jour le 1 avril 2025
Situé au nord de la Sicile, dans la mer Thyrhénienne, l’archipel des éoliennes est composé de 7 îles, véritables paradis pour les amoureux de la nature, de randonnée et d’aventure. Cependant, ces terres abritent des volcans plus ou moins actifs pouvant produire des sources chaudes, des geysers et des fumerolles.
C’est d’ailleurs le cas de l’île de Vulcano, porte d’entrée de l’archipel, qui s’est forgée un caractère original dans le thermalisme, notamment avec son bain de boue sulfurée aux bienfaits immenses. Son bain de boue, ses eaux chaudes mais aussi ses fumerolles spectaculaires peuvent ainsi relever et assaisonner le séjour.
Vulcano est sans doute l’endroit qui peut réconcilier l’homme moderne avec les exigences de la vie quotidienne en apportant apaisement, réconfort et expérience éminemment régénératrice.
AU SOMMAIRE :
Comment se rendre sur l'île de Vulcano ?
Comment y aller ?
Pour rejoindre Vulcano depuis la Sicile, il faut d’abord se rendre à Milazzo. Si vous arrivez en train, la gare de Milazzo est située à 45 minutes à pied du port et de la gare maritime. Sachez qu’il existe une ligne de bus régulière entre la gare et le port, avec un passage toutes les heures. Pour la traversée, vous pouvez aussi réserver vos billets à l’avance sur le site internet de Liberty Lines. Celle-ci dure environ 45 minutes (avec l’hydrofoil).
Comment se déplacer sur l'île ?
L’île est tellement petite que vous pouvez tout faire à pied. Les distances ne sont pas si importantes pour aller d’un bout à l’autre de l’île. Ça grimpe juste un peu pour aller au Grand Cratère. C’est l’une des seules randonnées de l’île à faire.
Une île qui a du charme
Lorsque je débarque à Vulcano, un air de bout du monde se révèle des plus agréables. Et pour cause, l’hydrofoil (bateau rapide de la compagnie Liberty lines) dépose les voyageurs au sud de l’île (à Porto di Levante), devant l’imposant « Grand cratère de la Fossa ». Des fumerolles spectaculaires s’échappent près du sommet et me laisse déjà dans l’émerveillement. Je ressens également une odeur de soufre, un peu âpre, mais supportable. Le port dégage un air de propreté, de confort et une beauté sereine qui me va droit au coeur.
Si l’on part sur la gauche, une autre ville (Vulcano di Porto) minuscule symétrique, soigneusement badigeonnée offre des lignes un peu droites, un peu calmes, mais qui ne manquent pas d’élégance. Vous y trouverez une poignée de magasins, de restaurants et le sentier menant vers le « Grand cratère ».
Si l’on part sur la droite (ma destination), une jolie route pavée glisse entre deux monticules sur lesquelles se détachent un ton jaune (soufre) pour le plaisir des yeux. Celle-ci permet d’atteindre l’attraction principale de l’île : le bain de boue appelé en italien « Laghetto di Fangi » (lac de boue). Cet endroit laisse à découvert la merveilleuse Baie de Levante.
Vulcano, bain de boue
Après avoir traversé cette route pavée, j’arrive près du site : les bains de boue de Vulcano. Le site est ceinturé par une barrière de rochers et une clôture en bois en empêche l’accès. On y trouve un petit pavillon en guise d’accueil.
ℹ️ Informations et tarifs :
Les Thermes de Vulcano sont gérés et entretenus par l’entreprise Geoterme Vulcano S.R.L (site officiel).
Découverte de la mare d'eau boueuse
Cette mare d’eau boueuse est situé à proximité de la plage des « eaux chaudes ». Les deux forment un ensemble et représentent les Thermes de Vulcano (spa de Vulcano) où à toute heure du jour peuvent se rencontrer des baigneurs ou curistes. Les italiens appellent cet endroit les « Terme di Vulcano ».
Ces thermes sont passés, depuis un certain nombre d’années, aux mains de l’entreprise Geoterme Vulcano, qui en dirige l’exploitation. Mais depuis mars 2020, le bain de boue est fermé. Celui-ci est probablement géré avec un zèle qui est de nature à lui faire prendre le développement dont elle est susceptible. Un établissement devait voir le jour. L’absence marquée de tout confort est évidemment de nature à ne pas attirer certains voyageurs.
5 années plus tard, des travaux de terrassement ont été effectués mais il n’y a toujours pas d’établissement. Pour des raisons dont j’ignore, l’île de Vulcano, qui fait notamment partie du patrimoine mondial de l’Unesco, a donc été privée pendant tout ce temps, de son attraction principale : son bain de boue. Mais les commerçants m’ont rapporté que celui-ci devrait rouvrir pendant la saison estivale (en 2025).
L’endroit est donc désert. Normalement, il faut s’acquitter de 3 euros (prix pour un adulte avec douche comprise à 1 euro) pour accéder au bain de boue. Mais tout est fermé pour le moment.
Lorsque je me retrouve face à la mare de boue, celle-ci exhale une odeur d’oeuf pourri vraiment intense et persistante. Je n’ai jamais ressenti ce parfum d’oeuf couvé avec une si grande supériorité sur d’autres sources sulfureuses.
En face, la mer ronge sans cesse le pied d’un escarpement rocheux fort original dont le sommet est couronné de roches colorées. Mais elle reste, fort heureusement, à une certaine distance de la mare d’eau boueuse. Il n’y a donc pas à redouter, lorsqu’elle est agitée, ses tourbillons et rapides courants.
Le point d’émergence de cette source se situe au sein d’une zone sédimentaire.
Des barrières de roches viennent donc solidifier le contour de la zone. Un chemin en bois apporte également une utile précaution. Le tour du bain est remarquablement doux, uni et exempt de galets ou de gros cailloux, ce qui est fort apprécié. Une pente presque insensible, côté mer, permet au baigneur malhabile de s’y aventurer sans encombre.
La température de cette eau mêlée de boues est tiède. Mais la température est chaude, parfois brûlante, partout où des bouches d’évacuations libèrent des vapeurs et des gaz.
Ces gaz remontent sous forme de grosses bulles à la surface, avant d’éclater. Observer une telle chose est à la fois fascinant et apaisant. Cela procure les mêmes effets que regarder les vagues de la mer. Par contre, l’eau est fortement brouillée et le bain de boue semble inhospitalier. Qui aimerait plonger dans un bouillon troublé?
Une boue thermale d'une grande valeur
L’eau est chargée de boue blanchâtre qui m’empêche de voir à travers, ce qui n’est pas rassurant.
En fait, cette eau laiteuse est opalescente et n’absorbe aucune longueur d’onde de la lumière. Elle n’absorbe ni la lumière, ni la laisse passer, tout comme le lait. Ces eaux se sont ainsi chargées de minuscules particules solides, appelées colloïdes, qui détournent la lumière. De plus, ces colloïdes, chargés négativement, se maintiennent dans l’eau en se repoussant mutuellement.
De par leur taille minuscule (moins de 0,002 millimètre), ces colloïdes sont en fait des argiles, souvent accompagnés de bactéries du sol, d’organismes vivants, tous chargés négativement. Cette population de bactéries est d’ailleurs adaptée aux conditions du milieu et spécifiques au point d’émergence. Cette eau boueuse et laiteuse est riche en métabolites qui sont les produits d’une longue maturation. C’est donc un véritable bain de jouvence qui s’offre au baigneur ou argile colloïdale (vivante), sels minéraux, gaz, micro-organismes coexistent dans le même liquide.
La boue thermale, dont s’enduit le baigneur, est au contraire maintenue au fond de l’eau à cause de son poids. Elle n’est ni chargée négativement ni un colloïde. D’ailleurs, mieux vaut ne pas l’utiliser afin de ne pas perturber ce milieu vivant. Je vous explique pourquoi juste après.
L’immersion dans le bain permet déjà d’être en contact étroit avec cette richesse de la nature. On peut ainsi profiter pleinement des propriétés de ces colloïdes en suspension dans l’eau. Ces eaux boueuses contiennent des molécules organiques capables de franchir la barrière cutanée, mais que lorsqu’elles sont humides.
Au contraire, si je m’enduis de boue et la laisse sécher hors de l’eau, il n’y a plus d’échanges avec la peau. Plus l’eau s’évapore, plus la boue devient dure et plus ses dépôts craquelés vont assécher et irriter la peau. D’ailleurs, la pâte d’argile qu’on laisse souvent sécher sur le visage s’avère en réalité néfaste pour la peau.
De plus, cette boue vivante, riche en micro-organismes s’est parfaitement adaptée aux conditions de ce milieu (température de l’eau, pH, pas de lumière, minéraux, gaz…). Si on la retire de l’eau, les conditions sont soudainement très différentes (lumière, oxygène, évaporation…). Alors autant ne rien faire et se laisser porter par le bain : l’argile colloïdale (chargée négativement) sera attirée comme un aimant vers la peau (chargée positivement).
Enfin, cet argile, qu’elle soit colloïdale ou non fait bien plus que de déposer passivement ses substances dont le corps a besoin. Connaître sa composition ne suffit pas expliquer son action.
Noter que cette mare d’eau boueuse est légèrement radioactive (comme de nombreuses sources minérales) et fortement sulfurée. Elle est donc fort stimulante pour la peau mais peut irriter certaines peaux sensibles. Il peut alors être judicieux d’y aller progressivement ou de limiter son temps (au moins la première fois) passé dans l’eau. Une pancarte placée autour du bain donne certaines recommandations sanitaires.
Conseils pour le bain :
Le soufre peut s’imprégner dans les vêtements de manière tenace. Certains textiles (serviette, maillot de bain, sous-vêtement) finiront éventuellement à la poubelle. Il peut également être utile de porter des sandales d’eau pour éviter de se brûler les pieds.
Vulcano, un bain de soufre aux multiples bienfaits
Les bassins de boue volcanique sont toujours le signe d’une présence de réserves de gaz cachées sous terre. Les nombreux suintements de gaz visibles en surface en témoignent. De plus, la forte odeur d’oeuf pourri qui émane du lieu explique la présence d’une quantité importante de soufre sous forme de sulfure d’hydrogène (H₂S).
Pour mettre en évidence le caractère sulfureux du bain de boue, il suffit d’observer l’effet de ces eaux sur certains réactifs. Son aptitude, particulièrement importante, à noircir les bijoux ou les bracelets en argent devrait inciter à les retirer. Cela vaut également pour les objets en plomb, qui vont également se précipiter et prendre une teinte brune. Même les gaz qui flottent dans l’air terniront ces réactifs.
Le bassin étant à découvert, les gaz peuvent néanmoins s’échapper librement, sans craindre une dénaturation de l’eau laiteuse. L’influence que le contact de l’air exerce sur la dynamique d’une eau sulfureuse est énorme.
Ainsi, d’après une méta-analyse[1], des concentrations de 30 à 50 ppm de sulfure d’hydrogène ont été relevées dans l’air près du bassin de boue. Aucune autre source chaude en Italie, ni en France ne possède une concentration aussi élevée d‘H₂S. D’ailleurs, ce gaz a des propriétés curatives avérées dans les maladies des voies respiratoires (largement utilisé dans les stations thermales), les rhumatismes, les maladies de peau. Mais que dire de cette concentration hors-norme?
Le bain de boue dégaze également une grande quantité de dioxyde de carbone (comme de nombreuses sources chaudes) dans l’air. Ce CO₂, bénéfique lorsqu’il est dissout dans l’eau, peut s’avérer toxique dans l’air lorsqu’il atteint une concentration élevée. Des pics mineurs inférieurs à 1000 ppm ont été enregistrés autour du bain de boue, ce qui est loin d’être alarmant. Un taux normal de C0₂ dans l’atmosphère est de 430 ppm. Pour en savoir plus sur le sujet, je vous invite à lire le début de cet article :« Nettoyer ses poumons avec des méthodes naturelles ». Notre intoxication quotidienne avec notre propre CO₂ (liée à notre mode de vie) est bien plus importante et peut même s’élever jusqu’à 5000 ppm la nuit (soit pendant une dizaine d’heures).
Toujours d’après la méta-analyse, d’autres gaz s’associent au sulfure d’hydrogène. Des centaines de ppm de méthane (CH4) et d’hydrogène (H2) ont été relevés.
Tout ces gaz (sulfure d’hydrogène, méthane et hydrogène) ont de puissantes propriétés curatives. Pour en savoir un peu plus, j’en parle à la fin de cet article : « Nettoyer ses poumons avec des méthodes simples et naturelles ».
Enfin, ces boues, typiques de boues volcaniques, sont certainement composées d’une très grande quantité de silice. La silice est indispensable pour les cartilages, les articulations, les os, la peau… D’ailleurs, ce bain de boue apporte souvent des résultats impressionnants dès le premier bain. Ce bain est aussi extrêmement riche en micro-organismes, source de production de molécules organiques, d’enzymes, de vitamines, de molécules anti-inflammatoires… Sans cette diversité en micro-organismes, les propriétés du bain de boue ne seraient plus les mêmes. Pour en savoir plus, je vous invite à lire cet article : « Le sol, couche de base et milieu vivant d’une source chaude ».
La "Spaggia delle Acque Calde" (Plage des Eaux Chaudes)
À deux pas du bain de boue, une plage (également connue sous le nom de plage des Fumerolles) qui n’est pas dénuée d’intérêt, offre la possibilité de se baigner dans une mer où des eaux sont réchauffées par des colonnes de gaz.
D’ailleurs, il ne faut pas se fier à l’apparente monotonie de la mer. Des gaz s’échappent vigoureusement du lit marin en divers endroits. Des bulles atteignent parfois une taille effrayante à certains endroits.
En ce mois de février, l’eau est encore froide et les fortes variations de température de la mer ne m’incitent pas à m’y baigner. Une première zone d’eau chaude, à environ 20 mètres du bain de boue, est accessible par une échelle en bois. Les gaz qui s’y échappent sont similaires à ceux du bain de boue mais semblent réagir différemment avec l’eau de mer en créant d’incroyables précipités blancs. La forte minéralisation de la mer provoque cette fois-ci une floculation du soufre.
À quelques dizaines de mètres, une longue bande de sable noire très fin délimite l’accès à la mer. Une deuxième zone d’eaux chaudes s’offre au baigneur.
Référence
Diliberto, I. S., Cangemi, M., Gagliano, A. L., Inguaggiato, S., Jacome Paz, M. P., Madonia, P., Mazot, A., Pedone, M. and Pisciotta, A. (2021) Volcanic Gas Hazard Assessment in the Baia di Levante Area (Vulcano Island, Italy) Inferred by Geochemical Investigation of Passive Fluid Degassing
2 réflexions au sujet de “Vulcano – Bain de boue, bain de soufre”
Bonjour,
Je recherche un bassin de boue si cela existe en france ?
Bonjour,
En France, vous ne trouverez pas de bassins d’eau chaude avec autant de boues thermales. Mais, certains bassins d’eau chaude sauvages en contiennent quand même un peu (Prats-Balaguer, Mérens, Canaveilles, Canyon de Thuès). N’hésitez pas à me faire un retour lors de vos découvertes.