LE TROU DE MADAME À PRÉCHACQ-LES-BAINS, LANDES
- Par Nature Source Chaude
- Publié le
- Mis à jour le 14 novembre 2024
Une source chaude, près des bords de l’Adour, jaillit au coeur de la prairie du Sesca à environ 1 kilomètre des Thermes de Préchacq-les-Bains dans le département des Landes. Isolée de toute habitation, cette source, dénommée Le Trou de Madame, offre un but de promenade aux amateurs de bains chauds ou à ceux et celles qui veulent juste découvrir la curiosité du lieu. Celle-ci m’a d’ailleurs vite séduit par ses qualités.
AU SOMMAIRE :
Un lieu accessible
Infos pratiques :
Accès : le point de départ du Trou de madame est précisément au parking du Clos Pité (avenue des sources) situé en face de l’hôtel-restaurant du même nom. Suivre une route forestière assez large sur environ 1200 mètres puis un sentier sur environ 150 mètres. Accès libre.
Propriétaire de la source : Thermes de Préchacq-les-Bains depuis 1998.
Au début de cette courte promenade qui s’effectue essentiellement sur une large piste forestière, on y trouve une table de pique nique et un premier panneau indicatif. On y a la vue d’une belle peupleraie. Beaux peupliers très élancés, beaux chênes. Cette forêt est agréable mais guère étendue.
On reconnaît bientôt un chemin (pouvant être) humide et boueux qu’il faut emprunter (présence d’un panneau pédagogique du site) et qui à mesure qu’on avance, une odeur d’oeuf couvé (liée à la présence d’hydrogène sulfuré) devient de plus en plus prenante. Celle-ci s’échappe d’un ruisselet qui indique que le site thermal est proche. Cela produit un effet très pittoresque.
En poursuivant un peu ce riche décor, on découvre un endroit un peu plus dégagé et un petit pont en bois. Après avoir enjambé ce pont au milieu de la prairie, on peut découvrir de plus près le site du Trou de Madame. Ainsi, le hasard a donné à ce site le nom qui pouvait lui convenir le mieux. Rappelons qu’autrefois, il s’agissait d’un simple trou d’eau thermale mêlée de boues. Celui-ci était principalement fréquenté par les femmes.
Aujourd’hui, le site paraît cruellement disgracié par la présence de vestiges. Toutefois, il n’y a (presque) rien à reprocher à cette source d’une beauté parfaite, et d’une puissance (encore) remarquable pour soulager de nombreux maux. Une fois dans l’eau on apprécie mieux l’ensemble.
Comme ces eaux sont tièdes et perdent leur vertu lorsqu’elles sont transportées (dès qu’elles sont retirées de leur milieu naturel), il faut de nécessité se baigner au lieu-même où elles coulent.
Un peu d'histoire
À l’origine, ces eaux s’écoulaient dans un simple trou mêlées de boues sulfurées et on les fréquentaient telles quelles jusqu’à la fin du XIXe siècle (voir photo prise en 1892). Mais au XIXe siècle, la plupart des sources en France furent captées et abritées sous un bâtiment, l’activité thermale étant lucrative. Le captage était un préalable (quasi) obligatoire pour assurer des garanties de pureté de l’eau afin d’obtenir une autorisation d’exploitation des eaux par l’Administration. Au début du XXe siècle, cette ressource locale fut ainsi exploitée par la famille Castaingts dans un premier bâtiment avec une thérapeutique (apparition de soins organisés) qui deviendra de plus en plus élaborée au fil du temps. Mais l’activité périclite à la grande guerre.
En France, la Guerre de 14 et la montée en puissance des grands centres thermaux confortables portent un coup terrible aux modestes exploitations (dont celle du site du Trou de Madame). À cette époque, il existe également une concurrence redoutable entre les grandes stations.
Dans les années 1920 (juin 1921), la source change de mains. Le nouvel exploitant (locataire) Paul DUMARTIN (succèdant à M. MADRAY) doit redresser l’affaire. Celui-ci décide de créer un petit établissement thermal, en calculant que l’hébergement de malades pourraient aussi apporter des bénéfices plus importants.
En 1922, la source fût déplacée de quelques mètres afin de faciliter l’aménagement des installations thermales (sur le terrain actuel) et la construction d’un hôtel. Les vestiges qui entourent le bassin maçonné de 6 à 9 m² de section (recueillant la source) attestent de la présence d’un bâtiment qui abritait les activités du bain. On y retrouvait un vestiaire, une baignoire et des douches. Dans le bassin, on y trouve des pieux en bois enfoncés dans le sol, et reliés par des planches. Compte tenu de la température de la source (30 degrés relevée lors de ma visite), cela nécessitait de réchauffer artificiellement l’eau dont la température pouvait vite devenir inconfortable dans une baignoire. Une chaudière et une pompe à eau furent installées dans un local implanté à côté du bassin.
Aussi, des forages effectués sur l’autre rive de l’Adour dans les années 1930 eurent une incidence non négligeable sur la température native de la source. À cette époque, elle était à 38 degrés. Le réchauffement artificiel de l’eau pour les installations thermales permit de pallier au manque de chaleur.
La source devint la ressource habituelle d’un hôtel sur 2 niveaux (15 chambres, une cuisine, un réfectoire…) bâti juste à côté. Son exploitation prit fin en 1964 et la commune racheta le site. Compte tenu de la position de la source (proche de la rivière), celle-ci était noyée régulièrement par les eaux de l’Adour, qui allaient jusqu’à saper les aménagements, lors des très fortes crues. Le site fut démoli dans les années 1970.
Un milieu naturel et vivant
Le site du Trou de Madame n’est pas caché dans la partie la plus sombre de la forêt. Néanmoins, ce lieu a gardé quelque chose de sauvage avec un nombre infini d’arbres qui bordent la source.
On peut alors prendre le temps d’observer (et d’écouter) la nature environnante ou encore admirer l’eau thermale qui jaillit d’un tubage vertical (issu d’un forage d’une profondeur de 10 mètres exécuté en 1933 et faisant suite aux forages effectués sur l’autre rive de l’Adour) en bouillonnant. Le dégagement de gaz carbonique est impressionnant et offre un spectacle visuel et sonore. De plus, il est bénéfique pour l’organisme lors du bain. Pour en savoir plus, je vous invite à consulter notre article : Les énormes bienfaits du bain chaud.
Aussi, les eaux d’une source chaude qui jaillissent à la surface de la terre donne bien souvent naissance à un ruisseau (ou un pré salé) où peuvent s’épanouir librement des micro-organismes. Les eaux de la source du Trou de Madame sont, quant à elles, évacuées dans un longue rigole imperméable, qui a été creusée par l’homme, en direction de l’Adour.
Dans cette rigole, on retrouve plusieurs dizaines de variétés d’algues microscopiques (êtres vivants et organisées) dont la plupart sont bien spécifiques à ce micro-biotope riche en sels minéraux et en sulfures. Des amas d’une matière floconneuse et blanchâtre indiquent la présence d’une algue spécifique (appelée sulfuraire ou glairine) aux eaux sulfureuses.
Des boues sulfurées uniques
On dénote également, au Trou de Madame (surtout dans les rigoles autour, là où le sol a gardé sa nature originelle), la présence de boues sulfurées d’une qualité exceptionnelle et riches en métabolites, résultats d’une longue maturation. Les micro-organismes, présents dans ces boues thermales, peuvent profiter d’un sol argileux formé par l’Adour et d’une eau thermale sulfureuse pour se développer. Mais lorsque la source n’était qu’un simple trou d’eau mêlée de boues (photo en 1892), celle-ci produisait des boues thermales d’encore meilleure qualité.
Les thermes de Préchacq-les-Bains cultivent également leurs propres boues (boues sulfatées) qu’il est possible d’observer (visite possible) dans le parc thermal.
Nature de l'eau et vertus thérapeutiques
Les sources sont nombreuses dans le coin (5 sources sont captées dans le parc des Thermes : des eaux sulfatées calciques chaudes allant de 46 à 60° et une eau sulfurée calcique froide à 18°).
Celle du Trou de Madame, appelée aussi source Dumartin ou source Sesca est un peu à l’écart des autres sources. Elle se démarque aussi par sa nature chloro-sulfurée sodique à 30 degrés avec une minéralisation de 2100 mg/l. C’est donc la seule source de Préchacq-les-Bains qui offre aux baigneurs des eaux chaudes qui exhalent un parfum d’oeufs couvés. Il ne manque vraiment que quelques degrés de chaleur pour qu’elle soit (vraiment) plus attractive.
Enfin, la proportion de matières sulfureuses dissoutes est très élevée (plus que toutes celles que j’ai pu fréquenter dans les Pyrénées). D’ailleurs, le parfum d’oeuf couvé (H₂S) qui s’exhale du site est tenace.
Elle jouit donc d’une puissante efficacité sur les rhumatismes ou encore dans le traitement des maladies de peau (eczéma, psoriasis…).
Le sulfure d’hydrogène a aussi une action puissante dans les maladies des voies respiratoires. Pour en savoir davantage, je vous invite à lire l’article : Nettoyer ses poumons avec des méthodes simples et naturelles.