Visiter la Sicile – Thermes et Sources d’eau Chaude
- Par Nature Source Chaude
- Publié le
- Mis à jour le 2 avril 2025
La péninsule italienne dispose d’un nombre considérable de sources thermales. Richement dotées, on en trouve dans la plupart des régions, sans oublier les îles.
Tout au sud, la Sicile, qui n’est séparée de l’Italie continentale que de 3 petits kilomètres par le détroit de Messine, n’a pas été épargnée puisqu’elle dispose d’un patrimoine thermal relativement important.
Aussi, les nombreux vestiges du passé trouvés sur cette île, la plus grande de méditerranée, montrent à l’évidence que le thermalisme était une réalité dans le monde romain mais aussi dans le monde antique lorsqu’elle était sous influence de civilisations plus anciennes.
Au XIXe siècle, le thermalisme prend de l’ampleur (l’âge d’or du thermalisme) et suscite un engouement exceptionnel. Par conséquent, de nombreux établissements thermaux, plus modernes, furent élevés en Sicile pour recueillir ces sources afin de les exploiter. Ce phénomène toucha toutes les régions d’Italie et même d’Europe disposant de sources chaudes.
Dans cet article, vous allez découvrir qu’ils existent encore quelques rares endroits en Sicile où il est possible de prendre un bain thermal naturel et gratuit, souvent situé dans les parages d’un établissement thermal.
AU SOMMAIRE :
Carte des sources chaudes et des Thermes en Sicile
Sur cette carte, vous trouverez les Thermes situés en Sicile et sur ses îles satellites et qui sont accessibles à des non-curistes. Les Thermes recueillent de l’eau Les Thermes recueillent de l’eau provenant de sources thermales. Ils peuvent se présenter sous forme :
– de thermes gratuits aménagés ou non.
– de thermes payants. Quelques thermes sont parfois aménagés de façon très sommaire et restent accessibles à des prix très abordables.
1. Les Thermes de San Calogero - Lipari
L’île de Lipari fait partie des îles éoliennes qui sont situées au Nord de la Sicile dans la mer Thyrhénienne. Elle jouit d’un climat doux et stimulant. À l’Ouest de celle-ci, les Terme di San Calogero (Thermes de San Calogero), situés au pied du volcan Monte Sant’Angelo, ont une attraction indicible et la vue sur la mer est grandiose. Les alentours des thermes sont un véritable jardin, avec sa richesse en essences méditerranéennes, ce qui contribue à inspirer la joie. À proximité, les habitations sont peu nombreuses.
🚌 Accès :
Le site n’est pas desservi. Du port de Lipari, on peut rejoindre en bus le belvédère Quattrocchi ou le village Pianoconte. De là, on continue à pied sur la route de San Calogero qui descend vers les thermes du même nom.
À travers les siècles, la source fut exploitée empiriquement. Mais au XIXe siècle, le thermalisme suscite un engouement exceptionnel en Sicile, comme partout en Europe. Conscient de leur intérêt, on fit construire, probablement vers 1872, un établissement thermal juste à coté des vestiges (anciens Bains) afin d’exploiter la source thermale. À partir de cette date, les thermes doivent sans cesse être modernisés au niveau des installations afin de satisfaire une clientèle de plus en plus exigeante.
Nous sommes au XIXe siècle, à l’aube de l’industrialisation des bains. L’évolution des techniques, des moeurs et le capitalisme a profondément modifié les rituels thermaux.
Un siècle plus tard, en 1975, l’activité thermale s’éteint car le bâtiment manquait d’équipements et de services.
Depuis 2011, le bâtiment thermal s’est reconverti en musée.
La visite du bâtiment thermal n’est possible (il semble que ce ne soit plus le cas) qu’en étant accompagné par un des deux monsieur (2 frères âgés qui ont les clefs du bâtiment) qui aiment vivement le lieu et qui accueillent le touriste avec le plus grand empressement. Mais lors de mon passage, ils n’étaient pas présents.
Comme on peut le voir sur l’image, l’établissement thermal comprend un soubassement, un rez-de-chaussée et un premier étage. Le matériel industriel de l’établissement devait comporter des douches, des cabinets de bain, une piscine, diverses installations et appareils…
Le petit bâtiment en ruines situé de l’autre côté de la route était probablement destiné aux pauvres.
La situation des thermes, au pied de la colline, permet des promenades intéressantes sur les chemins carrossables, puis une découverte plus aventureuse sur les sentes de la côte.
La balade la plus recherchée par les visiteurs est probablement celle qui conduit aux carrières de kaolin avec un panorama grandiose tout le long.
Autour de la piscine thermale remplie d’eau tiède, le lieu est disgracié par la présence d’une tourelle électrique et de murs en béton.
Cette piscine est probablement d’origine romaine et l’exploitation de la source a perduré au moyen-âge et dans les siècles qui suivirent cette période. Aussi, ces thermes renferment un réseau souterrain qui achemine l’eau thermale de la source jusqu’à cette piscine d’une bonne profondeur.
Ces eaux, qui sont distribuées par un seul griffon, sont sursaturées en carbonates. Elles sont acheminées par gravité dans un canal maçonné qui n’est pas facilement accessible et dont j’ignore sa longueur. Non entretenu, ce canal (creusé par la main de l’homme) doit normalement être régulièrement curé et libéré des concrétions qui s’y déposent. Cela a pour conséquence de diminuer le débit de la source. De ce fait, la température de la piscine est moins élevée et les propriétés thérapeutiques de ces eaux sont amoindries.
💡Source pétrifiante :
Du fait de leur charge en carbonate de calcium et de leur composition particulière, ces eaux sont pétrifiantes. Cette précipitation des carbonates est la conséquence naturelle d’une modification des équilibres chimiques de l’eau thermale lors du dégagement de gaz carbonique. La décompression (la pression diminue lorsque ces eaux souterraines remontent) du gaz contenue dans l’eau thermale va provoquer la précipitation des carbonates. Ce canal maçonné réduit la vitesse d’écoulement (facteur dynamique) de l’eau thermale et accélère ce phénomène.
Ces eaux sont de nature bicarbonatées sodiques et elles sont riches en sulfates. Le soufre est donc présent sous forme de sulfate; je n’ai pas spécialement ressenti d’odeur d’oeuf pourri (soufre sous forme de sulfure d’hydrogène). D’ailleurs, si vous appréciez ce parfum d’oeuf couvé, vous devez absolument vous rendre sur l’île voisine, Vulcano 🌋.
L’ancienneté des thermes a été prouvé par de nombreuses découvertes de l’époque antique. D’ailleurs, de l’autre côté du mur en béton, tout près de l’établissement thermal, on trouve 2 autres piscines sur un fond dallé au ciment. La grande piscine un peu arrondi date de l’époque hellénistique (323 av. J.-C. – 32 av. J.-C.) et la petite piscine rectangulaire date de l’époque romaine.
Le fond dallé des piscines, qui n’est pas un sol naturel, a une incidence négative sur les propriétés thérapeutiques des eaux thermales. La nature du milieu dans lequel une eau circule est extrêmement important (facteur chimique) et a des conséquences sur son état dynamique. Pour en savoir plus, vous pouvez lire notre article : Le sol, couche de base et milieu vivant d’une source chaude. Néanmoins, ces bassins ne sont pas pourvues de couvertures et reçoivent directement les rayons solaires. La lumière est un élément essentiel d’une source chaude (pour l’eau, les micro-organismes qui la composent, le plancton thermal…).
Accolée au bâtiment, la grotte ronde en forme de dôme est entourée d’un mur en pierre d’oeuvre mycénienne (1600-1100 av. J.-C.). Ces beaux restes, toujours debout, font de ce site thermal l’un des plus riches et l’un des plus anciens de la méditerranée. Enfin, on utilisait cette grotte comme un sauna.
2. Les Thermes de Vulcano - Vulcano
Vulcano est une île agréable, bien bâtie et si bienfaisante avec ses thermes que sous ce rapport elle l’emporte largement sur Lipari, sa voisine. On y trouve un grand bassin dont l’eau thermale mêlée de boues créée une alchimie formidable et dont la valeur thérapeutique est très très élevée.
Les gaz et les sels minéraux qui accompagnent l’élément sulfureux présent en très grande quantité (il n’y a pas plus élevée en Italie) donnent la raison de son excellente appropriation au bain et à une inhalation. Mais elle n’est pas adaptée à l’usage en boisson.
La plupart des affections sont combattues efficacement par ce bain de boue qui est simplement aménagé. À proximité, les eaux salines de la mer sont également réchauffées par des colonnes de gaz ce qui donnent autant de raisons de s’y rendre. C’est d’ailleurs ce que font les insulaires des îles éoliennes (Lipari, Stromboli, Panaréa…) qui n’hésitent pas à prendre le bateau et venir à Vulcano juste pour prendre un bain.
À noter aussi que l’accès au bain de boue est payant (quelques euros). Ces thermes sont exploités par l’entreprise geoterme Vulcano SRL (site officiel). Pour en savoir plus sur ce bain de boue, je vous invite à lire notre article : Vulcano – Bain de boue, bain de soufre.
3. Les Thermes de Pantelleria - Pantelleria
J’aime cette rapidité à laquelle on accède aux îles éoliennes. Tandis que pour venir à Pantelleria, la plus grande des îles appartenant à la Sicile mais aussi l’une des plus éloignées, la traversée n’est pas vraiment « express ». Sa situation, plus proche de la Tunisie que de la Sicile continentale, l’épargne ainsi du tourisme de masse. Hors période estivale, il n’y a pas beaucoup d’affluence sur les plages caillouteuses de Pantelleria. De plus, pendant cette période, les sources thermales aménagées en bord de mer ne reçoivent jamais un grand fort nombre de baigneurs.
Le village de Gadir est toujours le but favori des amateurs de bains chauds car elle dispose de thermes très accessibles. Mais les plus aventureux trouveront aussi d’autres endroits sur l’île où l’on peut prendre soin de sa santé.
À Gadir, on peut prendre son bain derrière la jetée sans n’avoir à redouter les courants rapides qui agitent la mer. Au port de Gadir, vous trouverez 2 bassins d’eau chaude (le troisième est trop chaud) un peu plus confortables. Pour en savoir plus sur l’île, je vous invite à lire notre article complet : Visiter l’île de Pantelleria et ses sources chaudes naturelles.
4. Les Thermes de Segestane - Castellamare del Golfo
À l’Ouest de la Sicile, dans la province de Trapani, la piscine thermale de Segesta fait partie incontestablement des thermes les plus connus de Sicile. Toute une population de proximité vient s’y faire soigner. On y vient aussi de loin (Palerme, Trapani…) et de manière régulière pour prendre un bain surtout lorsque l’on sait que ces eaux thermales, qui font toute la richesse de la contrée, ont des qualités connues. Les siciliens y viennent aussi pour remplir des bouteilles. Néanmoins l’action des eaux minérales ne se manifestent que lorsqu’elles sont bues sur place.
Le site est aussi riche en découvertes archéologiques, mais aussi en influences magnétiques. En effet, ces eaux légèrement sulfureuses sont de nature hyperthermales radioactives. Le lieu est ainsi soumis à des radiations telluriques bénéfiques. Enfin, les sources thermales abondent en maints endroits; elles sont situées un peu plus loin dans le canyon. Aussi, certaines d’entre elles sont exploitées par un établissement thermal. Pour en savoir plus, je vous invite à lire notre article : Les sources d’eau chaude naturelles de Segesta.
5. Les Thermes de Sclafani Bagni - Sclafani Bagni
Le site des Bains de Sclafani est vraiment étonnant. En descendant le chemin cimenté qui s’embranche sur la route SS120 qui relie Cerda à Caltavuturo, on découvre un tableau étonnant : un établissement thermal niché au pied d’une falaise impressionnante.
Accès :
En voiture, c’est simplissime, la route vous amène jusqu’aux thermes abandonnés où l’on peut se garer sans difficulté. Mais ce n’est pas aussi simple en transports en commun. Il existe bien quelques bus (de la compagnie Macaluso) qui rejoignent le village de Cerda depuis Termini Imerese mais ils sont peu nombreux (moins de 5 par jour). Et de Cerda aux thermes, il reste encore pas mal de route qu’il faudra effectuer à pied.
Le bâtiment thermal, qui devait être élégant autrefois, est aujourd’hui désaffecté.
Il ne reste presque rien des aménagements destinés aux curistes, mais l’on peut aisément imaginer la vie dans cette petite station dont l’établissement thermal désaffecté fut l’oeuvre du comte Matteo Sclafani. Celui-ci a été construit après 1851, à un endroit éloigné de la source.
En effet, il existait déjà en 1748 un établissement thermal construit autour de la source (griffon) située plus en amont. Bien que celui-ci fut rénové complètement en 1846 par le comte de Sclafani, il fut détruit en 1851 par un terrible mouvement de terrain.
Dans ces thermes, aujourd’hui abandonnés, les curistes y trouvaient baignoires, douches, cuisine, salle de jeu…
Dans les années 1990, l’activité thermale s’éteint. Depuis, l’établissement thermal est toujours debout mais n’est plus entretenu. La source thermale coule toujours mais ne parvient plus jusqu’ici. Ses eaux sont recueillis un peu plus en amont, à 140 mètres du bâtiment, dans des vasques à étages. Elles se jettent d’un tuyau à une température de 32,5 degrés.
Ces eaux sont acheminées par gravité à travers un tuyau en plastique dont j’ignore sa longueur et son origine. Par conséquent, ces eaux transportées en lignes droites et au contact du plastique sont deux conditions qui modifient et amoindrissent leurs propriétés thérapeutiques, par rapport à leur condition native (au niveau du griffon dont j’ignore l’emplacement exacte). Pour en connaitre davantage sur le problème lié aux transport des eaux, je vous invite à lire aussi notre article : Les sources de Saint-Nectaire.
Néanmoins, à vue de nez, le débit est au moins supérieur à 150 litres par minute, ce qui reste important pour ce petit bassin dont l’eau est vite renouvelée (la température du bassin est de 32°C). De plus, le milieu dans lequel s’écoule l’eau thermale est naturel (et riche en divers micro-organismes). Ces deux conditions contribuent à maintenir ces eaux dans un état dynamique.
En visitant le lieu, je suis surpris de la beauté du pays. Une longue allée d’une beauté rare borde les bains et un pin parasol magnifique se fait remarquer. On pourrait la nommer l’allée des bains. Le lieu est entouré de promenades charmantes et de montagnes verdoyantes. Les Bains de Sclafani sont situés aux portes du parc régional des Madonies qui est l’un des plus beaux endroits de Sicile.
Enfin, ces eaux salines, sulfatées, chlorurées, iodurées furent remarquées sans doute par leur odeur d’oeuf pourri très prononcé. Aucune autre source sulfureuse en Sicile (dont j’ai connaissance) n’a l’avantage de posséder une telle quantité de sulfure d’hydrogène, excepté le bain de boue de Vulcano. Même en Toscane, je n’ai pas ressenti une telle supériorité de sulfuration. Ainsi, la Sicile a l’avantage de posséder des sources thermales qui font partie des meilleurs d’Italie.
Ces eaux chaudes sont aussi très minéralisées par les sulfates, les chlorures, le sodium, le magnésium… Après les avoir goutées, j’ai pu constater qu’elles ont un degré de minéralisation très élevé, ce qui rend cette source vraiment remarquable à tout point de vue (sauf le tuyau).
Les bienfaits des sources chaudes
Depuis des millénaires et tout autour du monde, les civilisations anciennes reconnurent et apprécièrent les bienfaits des sources chaudes.
Avant même d’en connaître sa composition, un bain thermal est utile par sa seule température et son efficacité est déjà si grande. Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article : Les énormes bienfaits du bain chaud.
Une eau minérale, qui entre au contact directe avec la peau (et les lésions cutanées) ou muqueuse, permet de traiter efficacement (⚠️ lorsque l’eau thermale n’est pas altérée) :
– les affections des voies respiratoires. Pour en savoir plus, je vous invite à lire la fin de l’article : « Nettoyer ses poumons avec des méthodes simples et naturelles. »
– les affections dermatologiques : les bains et les douches thermales aident à soigner efficacement l’acné, le psoriasis, les dermatites, l’eczéma…
– les affections intestinales (lorsqu’elle est utilisée en boisson).
Elle traite également les rhumatismes, les maladies osseuses, etc : les sources chaudes riches en minéraux, en oligo-éléments et en substances organiques sont particulièrement utiles pour ce type de pathologie.