LES SOURCES DU SALADIS
- Par Nature Source Chaude
- Publié le
- Mis à jour le 14 novembre 2024
Les sources sont nombreuses aux Martres-de-Veyre et aux alentours. Elles tirent leur origine d’une grande faille du sous-sol dont le lit de l’Allier semble emprunter son tracé. Ces eaux remontent à la surface chargées en gaz carbonique, en minéraux, en oligo-éléments depuis les profondeurs du sous-sol. Les sources du Saladis en sont de superbes exemples et sont certainement les plus connues de la localité du fait de la présence d’un grand bassin. Je vous propose de découvrir ce petit coin très accessible et préservé.
AU SOMMAIRE :
Le site
Les sources du Saladis se trouvent en pleine nature et reste propice à une courte promenade, si l’on veut bien laisser la voiture à l’entrée du chemin. Une fois sur le site, on ne peut voir la rivière (l’Allier), mais un chemin sur la gauche invite les voyageurs à atteindre sa rive droite en quelques minutes à pied. On évolue ainsi sur la vaste plaine de la Ribeyre où jaillissent des eaux minérales venues des tréfonds de la terre. Au bord de la rivière, des sources sauvages (Source du Tixier, Source des Rocs Bleus…), bien que discrètes, peuvent être repérées.
Tandis que sur le site des sources du Saladis, classé Natura 2000, la vie touristique y est plus intense. Une sorte de mare, qui n’en a que l’apparence, attire particulièrement l’attention du voyageur.
À proximité, une grande calade en pierre tirée au cordeau permet le cheminement piéton et donne un genre de beauté linéaire au lieu. Il permet d’accéder à un point de vue tout en bois. A l’entrée du site, on peut trouver de l’information et un panneau pédagogique des sources du Saladis. Il faut emprunter la calade pour observer de près les curiosités du lieu.
Aussi, les champs (photo juste après) qui l’avoisinent au Nord et à l’Est sont un peu nues et monotones mais apportent un contraste saisissant. La nature est chauve d’un côté et sauvage de l’autre avec des arbustes, des arbres et une source (Grand Saladis) dans son milieu naturel. Malgré son accessibilité, la source du Grand Saladis n’a jamais vraiment été exploitée officiellement bien qu’elle soit connue et probablement fréquentée depuis des millénaires.
Infos pratiques :
Visite libre. Accès balisé et site aménagé.
Petit parking à l’entrée du site.
Site classé Natura 2000 géré par le Conservatoire des Espaces et Paysages d’Auvergne.
La source du Grand Saladis
Ce bassin, dont le pourtour n’est pas propre aux figures géométriques, est splendide et des baigneurs pourraient l’animer mais la baignade est interdite.
Aussi, l’importance réelle qu’avait la source autrefois lui a presque valu d’avoir son propre bâtiment d’exploitation (établissement thermal). Mais elle y échappa.
Laissé à découvert, ce bassin n’est pas pour autant dénué d’intérêt si l’on souhaite contempler une faune et une flore caractéristiques associées à ses eaux riches en sels minéraux qui ont permis leur développement.
Les plantes halophiles (qui poussent habituellement en bord de mer) présentes sur le site sont le Glaux maritime, le Plantain maritime ou la Spergulaire marginée.
Un peu d’histoire :
Au XIXe siècle, lorsque le thermalisme revient à la mode, on cherche à exploiter ces eaux dont le débit est trop faible pour envisager un embouteillage à grande échelle. La mise en place de captages rudimentaires n’a pas permis d’accroitre le débit. Ces eaux continuent alors d’être fréquentées et appréciées par les habitants des alentours. Ils y viennent remplir leurs bouteilles ou plus rarement s’y tremper.
En 1882, la commune afferme la source des Saladis au Dr Roux qui aspire à l’exploiter. Dans l’espoir d’accroître le débit, celui-ci décide de faire usage d’explosifs plutôt que d’effectuer un forage. Hélas pour lui, le bassin s’agrandit. Comme les résultats ne sont pas à la hauteur de ses espérances, il finira par lâcher l’affaire. La taille du bassin était alors la même que celle d’aujourd’hui et sa profondeur était de 5 mètres. Un sondage récent (2024) lui donne maintenant une profondeur de 8 mètres!
Vers 1900, un autre entrepreneur émoustillé par la vogue des eaux minérales qui envahit la France, s’intéresse au site. Un projet démesuré destiné à appâter les investisseurs prévoyait dans sa brochure publicitaire : « il y a lieu de créer aux Martres un établissement de premier ordre et d’apporter dans l’ensemble des constructions le luxe, en rapport aux prodigalités inusitées que la nature s’est plu à répandre dans cette région » Ce projet ne vit jamais le jour malgré une estimation annuelle des recettes (apportées par les curistes, les visiteurs, la vente de bouteilles) qui semblait alléchante.
Aujourd’hui, on note que la source du Grand Saladis a une charge en sels minéraux élevée et sa température reste constante aux alentours des 20-22 degrés. Néanmoins, une crue récente de l’Allier (octobre 2024) lui a fait perdre quelques degrés, peut être temporaire (relevée à 18,3 degrés). À moins que la raison en soit tout autre. À une certaine époque, le principal objectif de la médecine thermale et de ces bains entiers, prolongés et répétés, était d’obtenir une sudation abondante. On le conçoit qu’avec une telle température, il serait difficile de la produire. En revanche, les grenouilles ne se privent pas d’une telle ressource et de bons bains tempérées.
Par ailleurs, le trajet de la source à travers d’épaisses couches de sédiments calcaires lui donne une certaine charge en carbonates qui sont à l’origine de la création d’un dépôt calcaire. Ce travertin forme une véritable couche de rocher sur laquelle s’appuie les eaux du bassin. L’eau minérale émerge alors sur un sol naturel (travertin) et en bouillonnant. Pour en connaître davantage sur l’importance d’un sol naturel d’une source chaude, je vous invite à lire l’article : Le sol, couche de base et milieu vivant d’une source chaude.
Ces eaux sont également radioactives (naturelles), riches en fer et en gaz carbonique, comme le montre le manège désordonné des bulles en surface.
Cette source était autrefois fréquentée à des fins thérapeutiques et les locaux l’utilisaient pour soigner l’eczéma, les maladies de peau ou encore les rhumatismes. Les anciens s’y souviennent encore s’y être baignés.
Ces eaux profondes (8 mètres) ont aussi un net avantage par rapport à un bain simple. Elles sont plus énergiques car la force de la masse liquide tombe de haut et pénètre davantage le corps. Elle stimulent davantage le corps. Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article : Les énormes bienfaits du bain chaud. Mais comme la baignade est devenue interdite (site protégé), elle n’attire plus vraiment les malades.
Enfin, ces eaux profondes et troubles peuvent aussi receler quelques mystères. Des fouilles archéologiques ont découverts dans le bassin des ossements humains et une statuette en bois gallo-romaine.
La source du Petit Saladis
Le griffon de la source du Petit Saladis n’a rien de comparable avec sa voisine bien qu’elle semble provenir d’un même filon. Elles ont une composition voisine mais celle-ci peut être utilisée en boisson. Des locaux ont toujours apprécié cette source aux vertus médicinales et continuent d’en boire.
L’eau arrive dans un bloc de granit (de Blavozy) taillé avec un faible débit. La température est sensiblement la même que celle du Grand Saladis.
Enfin, sur l’autre rive, vous trouverez les sources de Sainte-Marguerite, autrefois exploitées par l’ancienne station thermale du même nom. Le geyser Brissac vaut à lui seul une visite du lieu. Je vous invite à lire notre article : Les sources de Sainte-Marguerite.