LES SOURCES D’EAU CHAUDE SAUVAGES DANS LES PYRÉNÉES-ORIENTALES
- Par Nature Source Chaude
- Publié le
- Mis à jour le 4 novembre 2024
La présence de sources d’eau chaude est légion dans les Pyrénées et particulièrement dans les Pyrénées-Orientales. Elles se retrouvent en grande concentration le long des vallées de la Têt et du Tech. Mais, ces sources d’eau sulfureuses sont pour la plupart exploitées. Malgré tout, il reste quelques endroits sauvages où l’eau chaude continue de jaillir des lèvres de la terre nourricière dans des paysages préservés. Il est même possible de s’y baigner gratuitement.
AU SOMMAIRE :
Un peu d'histoire
Les Pyrénées-Orientales ont toujours été extrêmement riches en sources sulfureuses. Mais leur exploitation se faisait encore à petite échelle de 1800 à 1850. A cette époque les communes du département n’étaient pas très actives dans la réalisation de travaux thermaux. Alors qu’elles le furent dans les Hautes et Basse-Pyrénées où des stations se développèrent tôt. Effectivement, l’administration centrale et locale étaient toujours prêt à soutenir les municipalités dans leurs projets en faisant intervenir des « architectes thermaux ».
Dans les Pyrénées-Orientales, l’exploitation des sources était au contraire laissée entièrement à l’initiative privée. Elle n’en était qu’à ses balbutiements traduits par de modestes bâtiments, la plupart du temps, sans caractère. Il n’est pas rare que des bains ne soient que des maisons particulières. Le succès de ce type de villégiature était encore trop réduit pour attirer les investisseurs, ce qui impacta la fréquentation des sources. Des milliers de visiteurs préféraient ainsi affluer chaque été dans les Hautes et Basses-Pyrénées où l’architecture était presque un jeu pour de de grandes stations (Luchon, Cauterets, Saint-Sauveur…). Il en allait de leur renommée. Ce n’est qu’après 1850 que le secteur privé va devenir prépondérant.
Les Pyrénées-Orientales disposent aussi de nombreuses vallées encaissées (Têt, Tech…). D’innombrables stations ont du s’installer dans des gorges étroites en suivant le même mode d’organisation. Les quelques corps de bâtiments de nombreuses thermes vont ainsi regroupés les bains au rez-de-chaussée ou en sous-sol et les logements en étages. Il en est ainsi à Molitg, Olette, Graus d’Olette, Thuès, Canaveilles… Ce qui peut expliquer le caractère des bâtisses étroites et toutes en hauteur.
Malgré une vie thermale riche et propre au département, les Pyrénées-Orientales regorgent aussi et encore de lieux magiques vierges de toute exploitation thermale où l’homme peut profiter des vertus invisibles des eaux chaudes et sulfureuses.
Carte des sources d'eau chaude dans les Pyrénées-Orientales
Sur cette carte, vous trouverez les thermes naturels situés dans les Pyrénées-Orientales. Ces thermes recueillent de l’eau thermale et peuvent se présenter sous forme :
– de thermes gratuits aménagés ou non.
– de thermes payants. Quelques rares thermes sont parfois aménagés de façon très sommaire (et donc plus naturels) et restent accessibles à des prix très abordables.
Les fontaines et lavoirs d’eau chaude apparaissent également sur la carte.
Les sources d’eau chaude sont situées sur des sites sauvages qui peuvent présenter des risques pour s’y rendre, surtout dans les Pyrénées-Orientales. La prudence est de mise. L’accès aux sites se fait sous votre seul responsabilité.
1. Les trois bassins d'eau chaude de Thuès-entre-Valls
De passage à Font-Romeu, je pars en direction (à pied) de Thuès-entre-Valls. Il n’y a nul chemin direct entre ces deux villages. L’étroite vallée m’oblige à m’emprunter les balcons de la Têt, rallongeant considérablement mon trek. Après une descente rude débouchant sur Thuès-entre-Valls, je dois franchir la voie ferrée du petit train jaune pour gagner le sentier menant aux trois bassins.
Pour les personnes désirant venir en voiture, le village dispose d’un parking payant et d’un parking gratuit (une vingtaine de places). C’est ici que s’effectue le départ vers les sources. Un passage à niveau permet ensuite aux piétons de franchir la voie ferrée en toute sécurité (le troisième rail est électrifié).
Après une bonne marche à travers le chemin Las Ayguès Calentes (le chemin longe de près la ligne électrique), repérable facilement sur les cartes IGN (selon le fond de carte), les trois bassins finissent par se dévoiler. L’itinéraire exacte peut se trouver sur internet.
Je constate que l’aménagement de ces trois bassins d’eau chaude est relativement développé. J’observe dans un premier temps un mur de pierres maçonnées qui dessine entièrement le contour de vasques.
Puis je reste hypnotisé un court moment par cette eau qui reflète différentes couleurs provenant du fond de la vasque me faisant croire à la pose d’un carrelage d’exception. Il s’agit en fait de micro-organismes (cyanobactéries) qui se sont développés sur des pierres de nature différentes et soigneusement disposées au sol. Le sol n’est donc pas tout à fait naturel mais fait son effet. Chaque vasque est donc comme une grosse baignoire dont l’eau est malgré tout renouvelée constamment.
La température du dernier bassin est proche des 40 degrés ce qui est particulièrement confortable. Peu profond, il peut accueillir jusqu’à 6 personnes. Le deuxième bassin est à 42 degrés et le premier bassin où se situe l’émergence (le plus petit) est beaucoup plus chaud.
2. Le canyon en eaux chaudes de Thuès-les-Bains
On retrouve deux sites distincts dans le canyon : celui de la cascade et celui de la marmite.
La Cascade du canyon
Pour accéder à la cascade, je continue sur le chemin Las Ayguès Calentes. Je reste le plus possible à gauche du sentier, afin de rejoindre plus loin un large pont en pierres. À cet endroit, des blocs rocheux disposés à travers le torrent de la Fajet permettent de le traverser aisément. Un sentier sur la droite mène à la cascade toute proche.
Sur le site, il y a plusieurs vasques d’eau chaude, dont celle alimentée par la grande cascade. L’eau peut être brûlante à certains endroits (44-46 degrés) malgré le mélange avec les eaux froides.
La Marmite du canyon
Pour accéder au site de la marmite , je suis obligé de descendre vers l’enceinte (Attention, cette enceinte est strictement interdite pour les voitures (et non aux piétons)) de l’ancien établissement thermal de Thuès reconverti en un établissement médico-social. Le sentier débouche à proximité de la source Saint-Louis.
À noter qu’il est possible de rejoindre directement l’enceinte en partant du parking de Thuès-entre-Valls. Il suffit de longer le sentier situé rive gauche de la rivière du Têt. Il est aussi possible de prendre le bus (ligne régionale Lio 560) devant la poste de Thuès-entre-Valls. Le bus vous déposera à l’arrêt « Nyer-Therme », c’est à dire juste devant l’enceinte pour 1 euro. Par contre, pas de retour en bus possible.
Puis à partir de l’enceinte, il faut remonter vers la gare du petit train jaune. J’atteins alors un passage à niveau (présence de portillon) où je peux traverser les rails en toute sécurité (le troisième rail est électrifié). Une fois passé le portillon, je prends à droite en suivant un sentier tout tracé pendant une bonne dizaine de minutes jusqu’au canyon d’eau chaude. Sur le chemin se trouve plusieurs captages et un tuyau noir acheminant l’eau chaude.
Pour accéder enfin au canyon, je désescalade une paroi rocheuse abrupte (située quasiment au bout du sentier) où un arbre a pris racine. Une source chaude ne choisit pas son point d’émergence en fonction d’une situation géographique avantageuse, particulièrement accessible. Tel est le cas ici, surtout lorsqu’on parle de canyon en eaux chaudes, unique en Europe.
Une fois dans le canyon, j’observe une première cascade d’eau chaude voir brûlante (température proche de 70 degrés) qui s’abat dans une grande vasque.
Un petit renfoncement au niveau de la chute d’eau permet à 3 personnes de s’y baigner. L’eau est proche des 40 degrés. Un deuxième grand renfoncement tapissé de graviers fins permet à 6-7 personnes de s’immerger complètement. L’eau a une température comprise entre 35 et 40 degrés.
Puis, à quelques mètres de là, une deuxième source d’eau chaude souterraine alimente un grand bassin situé dans un abri sous roche (au fond de l’image). Il s’agit de la fameuse marmite.
Le deuxième bassin est alimenté en eau par le bassin situé dans l’abri sous roche (marmite) et par une cascatelle (celle de gauche à peine visible) d’eau tiède (vraiment tiède). Ce qui a pour conséquence d’obtenir un bassin nettement moins chaud en l’espace d’un mètre. On passe de 42 degrés (bassin du fond) à 30-35 degrés (deuxième bassin).
Toutes ces sources alimentent (il y en aurait une quinzaine) le canyon dont la température de l’eau peut varier de 25 à 35 degrés tout le long du parcours.
Ce bassin plutôt profond est alimenté par une résurgence d’eau chaude souterraine et par une cascatelle d’eau froide.
L’eau thermale est donc diluée. Mais sans apport d’eau froide, il serait impossible de s’y baigner car le bassin d’eau refroidi frôle déjà les 42 degrés.
Au retour, je regagne à nouveau l’enceinte de l’ancien établissement thermal de Thuès-les-Bains.
Je passe à côté d’une première fontaine d’eau chaude sulfurée (source Saint-Louis) puis d’une deuxième (sans nom) bordant la route. Cette source était probablement utilisée en boisson. Un robinet sort d’une plaque de béton. Après en avoir bu une gorgée (attention elle est brûlante), je préfère éviter d’en boire davantage car l’origine du captage est difficile à déterminer.
Autour de l’enceinte, il n’y a nul chemin de randonnée pour continuer. Un véritable cul-de-sac. J’en profite donc avant de quitter les lieux pour observer un énorme bâtiment blanc situé à gauche de la fontaine. Il comprenait autrefois l’ancien établissement thermal et des hôtels permettant de loger les curistes.
L’implantation de la gare du petit train jaune juste au-dessus du bâtiment n’a rien d’un hasard.
L’engouement envers les sources d’eau chaude à cette époque était tel que l’arrivée du chemin en fer en 1910 a permis d’augmenter l’afflux de visiteurs vers ce lieu.
Thuès était même devenu la « capitale des arthritiques ». Plus de trente sources thermales étaient recensées à Thuès-les-Bains en 1833.
3. Les Bains de Canaveilles à Nyer
L’accès au chemin menant à cette source appelé aussi « source du Figuier » se situe juste après le tunnel en bord de route où quelques véhicules peuvent se garer sur le bas-côté de la RN116. Je suis pratiquement en face de la route D28 qui monte vers Canaveilles. Au bout d’une dizaine de minutes, le chemin m’amène jusqu’à la rivière de la Têt.
Les Bains de Canaveilles sont visibles de l’autre côté de la rivière. La source émerge en rive droite de la Têt à 60 degrés pratiquement à la sortie du défilé (gorges) des Graus. Elle se déverse dans des vasques aménagées de pierres et de galets, bien visibles. Les Bains de Canaveilles font partie de la commune de Nyer.
Après avoir traversé la rivière, je constate que les eaux froides de la rivière peuvent s’infiltrer dans les vasques, brasser et mélanger l’eau chaude évitant ainsi de se brûler. Néanmoins, l’aménagement sommaire des vasques empêche toute grosse infiltration d’eau froide lorsque le niveau de la Têt est bas.
En remontant la rivière, à moins de 500 mètres, un ancien établissement thermal et hôtel nommé « Relais de l’Infante » ont été abandonnés dans le défilé très encaissé des Graus. L’endroit est maintenant strictement interdit par arrêté municipal.
Dans le coin, plusieurs sources (6 résurgences) émergent en rive gauche de la Têt, dont certaines directement dans le lit de la rivière.
Ce lieu témoigne parfaitement de l’importance qu’avait autrefois la précieuse eau thermale. Les stations thermales devaient parfois s’accommoder du terrain tel qu’il existe autour de ce qui constitue leur raison d’être : le point d’émergence de la source.
Les stations thermales les plus mal loties étaient celles qui se développaient dans les vallons étroits. Et elles sont pléthores dans les Pyrénées.
Ici la gorge est particulièrement resserrée. On distingue à peine la rivière de la Têt à côté du bâtiment abandonné. Ce qui n’empêcha pas celui-ci d’être détruit par une inondation en 1876. Son emplacement à côté de la rivière lui causera de nombreuses difficultés avec la remontée des eaux et finira par fermer.
Lorsque ces eaux thermales jaillissent dans le lit d’une rivière, les Romains savaient déjà que le mélange diluerait ces vertus invisibles. Ce fut d’ailleurs le cas à Plombières-les-Bains où ils détournèrent carrément la rivière de l’émergence, creusèrent le fond de vallée et firent des travaux colossaux avant d’édifier leurs bâtiments. Mais était-ce mieux ainsi?
Personnellement, j’aime profiter pleinement des vertus thérapeutiques d’une source thermale lorsque je m’y baigne. Ici, le mélange avec des eaux non thermales fait que la température n’est pas parfaitement homogène dans le bassin. L’eau chaude plus légère que l’eau froide reste en surface, ce qui peut parfois s’avérer inconfortable. L’eau froide plus lourde tombe au fond et pousse à faire des mouvements pour brasser l’eau.
Ce site (Bains de Canaveilles) exige aussi la traversée de la rivière (pierres glissantes et ça fait mal aux pieds) qui peut être dangereuse lorsque son niveau monte. Et elle l’est d’autant plus en amont (Relais de l’infante) où le rétrécissement de la Têt apporte des remous et plus de débit au niveau des autres résurgences (et la dilue d’autant plus).
Ce site peut satisfaire en revanche les amateurs de calme et de solitude. Il faut bien sur éviter de s’y rendre après un orage, la pluie…
4. Les sources d'eau chaude de Prats-Balaguer
Cette source d’eau chaude reste la plus spectaculaire de toutes et son accès ne présente aucun danger. En revanche, il faut compter une quinzaine de minutes de marche en partant du haut d’une colline (début du sentier) et plusieurs dizaines de minutes pour rejoindre à pied ce point de départ.
Du village de Fontpédrouse, suivre à pied la D28 en direction du hameau de Prats-Balaguer jusqu’à un virage (départ du sentier vers la source) où de gros blocs de pierres ont été posés au bord de la route afin d’empêcher les véhicules de stationner.
L’eau thermale émerge à 69 degrés et se déverse de bassin en bassin. 9 bassins permettent ainsi de se détendre et de profiter de ses nombreuses vertus.
Pour en savoir plus sur cette source d’eau chaude, je vous invite à lire cet article : « Les sources d’eau chaude sauvages de Prats-Balaguer »
5. Les Bains de Dorres
Lorsque j’arrive sur le lieu, ma première impression est excellente. Je me promène, je contemple le paysage, je tourne autour d’un bassin tout en ayant hâte de prendre les eaux. Il est vrai que les Bains sont situés à merveille (1500 m d’altitude), dans un espace verdoyant, où tout y est raisonnable, et incite au repos. Le site n’est pas sévère en lui-même puisqu’il reçoit aussi une bonne dose de lumière forgeant ainsi le caractère et les propriétés de ces eaux sulfureuses.
Les Bains de Dorres ont été aménagés dans un vaste espace engazonné face à la montagne. Des piscines de pierre, qui rappellent les piscines romaines, reçoivent l’eau chaude et peuvent contenir suffisamment d’eau pour donner asile à plusieurs baigneurs simultanément.
Les Bains de Dorres constituent une véritable maison de santé, isolée de toute habitation. Ainsi, bon nombre de baigneurs peuvent se réjouir de la préservation de cet endroit qui fût avant 1991 l’emplacement de bains sauvages. Le site (appartenant à la commune) a été aménagé à proximité du griffon qui se trouve dans un petit puisard (artésien) des plus modestes.
L’installation des bains est plutôt simpliste : il n’y a pas de réservoir (le stockage a une incidence sur l’eau) et l’eau ne reçoit aucun traitement chimique. Sa température originelle de 42 degrés à l’émergence offre une température idéale dans chaque bassin sans recours à un traitement physique (échangeur thermique, refroidisseur). L’eau conserve donc soigneusement ses propriétés.
Les bassins sont faits de pierres naturelles en granit non émaillées. L’aspect rugueux du matériau est certes moins facile à rincer qu’une surface lisse mais donne un cachet plus naturel à ce bel endroit.
2 baignoires individuelles adossées à un mur permettent également de tremper dans l’eau dans une ambiance particulière. Chaque bassin est alimenté indépendamment par cette même source sulfureuse et l’eau est continuellement renouvelée.
Le tarif à la journée est de 6 euros (juin 2024) pour un adulte. Vous trouverez également une buvette à l’accueil proposant des boissons et des glaces à des prix raisonnables.
6. La source d'eau chaude de Reynes
La source émerge naturellement du rocher situé dans cet aménagement très sommaire. Le trop-plein de ce lavoir se déverse ensuite par une rigole d’évacuation dans un ruisseau dont le nom est à coucher dehors : Correc de Can Guillet.
À chaque instant, une grande quantité d’eau s’échappe du lavoir, ce qui témoigne de l’importance du débit. Les lavandières venaient ainsi rincer leur linge dans ces eaux aux multiples vertus. Les bienfaits de ces eaux m’ont été relatés par un vieux monsieur qui s’y trouvait ce jour-là pour nettoyer quelques-uns de ses textiles. Cette source qu’il fréquente depuis plus de 60 ans a toujours maintenu une température stable. Selon ses dires, elle serait efficace pour les rhumatismes, les problèmes de peau tout en insistant sur la cicatrisation des plaies.
Ce lavoir est maintenant un petit espace de baignade. Avec ses 28 degrés, cette source est agréable en cas de dur été.
7. La source du Monjolet - Amélie-les-Bains
Une eau en boisson? La source de Monjolet la fournit même si son usage reste principalement destinée à traiter des lésions cutanées. Utilisée en application extérieure, elle aurait ainsi de merveilleux effets sur certaines maladies de peau (eczéma, psoriasis, acné).
Elle sourd à une centaine de mètres des thermes dans la forêt, en arrière du village. Découverte en 1756, son existence aurait pu être éphémère de par son faible débit (2 litres par minutes). Plus de deux siècles après, la source coule toujours. Aussi, sa forte odeur sulfurée qui la trahit a probablement fait d’elle une source qui devait être mise à l’honneur. Un abri devait donc la contenir. Son odeur de soufre est très marquée et d’après les dires d’un citadin il l’estime « la meilleure du coin ». Personnellement, je n’avais pas encore ressenti une odeur d’une telle intensité dans les Pyrénées.
Lorsque j’arrive sur le lieu, je découvre l’abri avant de découvrir la fontaine. L’eau est reçue dans une auge rectangulaire de faible profondeur. L’eau y sourd toujours faiblement, et sa température était à 36 degrés lors de mon passage. Une présence importante de substances blanchâtres dans l’eau (glairine) attire également mon attention.
Cette fontaine est agrémentée d’une niche protégée par des barreaux, le tout ressemblant étrangement à un oratoire. À cette époque (18e siècle) les pèlerinages auprès des fontaines étaient très populaires.
Nature des eaux
Avant même d’en connaître sa composition, la seule chaleur du bain est déjà extrêmement bénéfique pour l’organisme. Pour en savoir davantage, je vous invite à lire l’article : Les énormes bienfaits du bain chaud.
Toutes ces eaux naturelles sont de nature sulfurée sodique. En s’approchant de la source, il est plus que probable de ressentir une légère odeur d’oeuf pourri. Mais rassurez-vous, c’est ce gaz (sulfure d’hydrogène) qui confère aux eaux des propriétés particulières. Les eaux sulfureuses sont reconnues pour soigner les rhumatismes, les maladies de peau, l’asthme… Ces eaux contiennent également du soufre sous forme de sulfate en petite quantité (souvent inférieur à 50 mg/l).
Elles sont peu minéralisées. Leurs ions sodium (sodique) sont prédominants et présents en quantité notable (autour de 50 mg/l. Par contre, elles sont appauvries (concentration souvent inférieures à 10 mg/l) en éléments chimiques tel que le calcium, magnésium et potassium. L’alcalinité est néanmoins la qualité dominante de ces eaux (pH compris entre 8,5 et 9).
Elles contiennent du fluor sous forme ionique en quantité notable (5 à 8 mg/l). C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques du massif des Pyrénées où de nombreuses sources sont enrichies de cet élément. On retrouve aussi cette caractéristique dans les sources thermales du massif Mercantour-Argentera (Italie), notamment dans celle de Bagni di Vinadio (proche des 5 mg/l). Pour en connaitre davantage sur cette source d’eau chaude, je vous invite à lire cet article : Les sources d’eau chaude naturelles de Bagni di Vinadio.
Ces sources Pyrénéennes contiennent des oligo-éléments (en μg/l) intéressants tel que le bore, baryum, lithium, zinc, silice et strontium.
Enfin, il est possible d’observer dans ces eaux, quel qu’en soit le degré de température, une substance mucilagineuse de couleure blanchâtre. Cette substance filamenteuse, appelée glairine, est produite par des bactéries et semble avoir de nombreuses propriétés (antibiotique, anti-inflammatoire, anti-allergique, cicatrisante…).
Dans les Pyrénées, cette substance azotée est aussi appelée « barégine » (en référence à la station thermale de Barèges) et donne à toutes ces eaux sulfureuses naturelles leur onctuosité.
Elle se dépose au fond des bassins en gelée incolore. Le baigneur attentif constatera une certaine ressemblance de cette masse limpide avec le corps vitré de l’oeil.
Ces filaments blancs visibles à plusieurs dizaine de mètres m’indiquent qu’une source d’eau chaude a probablement décidé de faire une vaporeuse apparition à cet endroit précis de la rivière de la Têt (mais l’accès est souvent dangereux).
2 réflexions au sujet de “LES SOURCES D’EAU CHAUDE SAUVAGES DANS LES PYRÉNÉES-ORIENTALES”
Merci pour ces excellentes informations . Photos très belles , bonnes indications
Bonjour Milou, merci pour votre message. Bon bain à vous!