LES SOURCES D’EAU CHAUDE NATURELLES À DÉCOUVRIR EN AUVERGNE
- Par Nature Source Chaude
- Publié le
- Mis à jour le 21 novembre 2024
L’ Auvergne est un pays de hauts plateaux, de profondes vallées et de volcans que le feu, l’eau et la terre ont bouleversé et transformé à leur guise. Ce n’est qu’en explorant cette région que l’on peut réellement s’en rendre compte. En effet, la majeure partie de son territoire fait partie du Massif Central où se trouve le plus haut volcan de France mais aussi un ensemble volcanique considéré comme l’un des plus vastes au monde. Ainsi, la richesse de son sol volcanique fait naturellement de l’Auvergne la région de France abritant la plus grande variété d’eaux minérales avec les Pyrénées.
D’ailleurs, toutes ces sources minérales, qu’elles soient chaudes, tempérées ou froides, sont connues et appréciées pour leurs vertus thérapeutiques. Par conséquent, elles furent fréquentées depuis l’Antiquité et même bien avant et furent presque toutes exploitées vers la fin du XIXe siècle.
AU SOMMAIRE :
Carte des sources chaudes et des eaux minérales jaillissantes en Auvergne
En Auvergne, il existe quelques thermes naturels recueillant suffisamment d’eau thermale pour former un espace de baignade. Ces thermes sont localisés sur la carte. Petite précision : la source Lefort est l’un des seuls endroits où la baignade reste autorisée, d’où une description un peu plus détaillée du lieu dans cet article.
Sur la carte vous trouverez aussi des sources minérales chaudes ou tempérées apparaissant sous forme d’une fontaine ou d’un simple jaillissement sortant de terre.
D’autres sources seront ajoutées sur la carte au gré de mes aventures en Auvergne.
Vous trouverez également d’anciens thermes (et établissements thermaux), des buvettes d’eau minérale abandonnées et d’anciens bâtiments d’exploitations ayant servi à l’embouteillage d’eau minérale (chaude, tempérée et froide).
La source Lefort à Châteauneuf-les-Bains
Pas moins de 22 sources ont été recensées et exploitées à Châteauneuf-les-Bains dont la plupart sont chaudes. Les bains payants, eux, ont été construits au nord du village dans la vallée encaissée à une vingtaine de minutes à pied. C’est aussi à cet endroit que remonte plusieurs eaux minérales des profondeurs dont la source Lefort. Cette dernière est située à quelques centaines de mètres des Thermes.
Lorsque j’atteins les thermes de Châteauneuf-les-Bains, d’une taille très modeste, je m’aperçois qu’il n’y a pas grand chose autour. Le lieu est paisible et l’établissement thermal est implanté juste entre la route D109 et la rivière de La Sioule. Un grand parking permet d’y laisser son véhicule et de rejoindre le parc thermal où se trouvent les bains gratuits.
Châteauneuf-les-Bains fait partie des 11 stations thermales encore en activité dans la région Auvergne et c’est la seule qui ne dispose pas de un ou plusieurs casinos. Néanmoins, de séduisantes balades sur les rives boisées de la Sioule ou la pêche (connue pour être l’un des endroits les plus poissonneux de France) le long des rives permettent aux malades de se livrer à des jouissances plus nobles.
La source Lefort et son bain aménagé
La promenade le long de la Sioule me conduit tout droit à la source Lefort située à 250 mètres de l’établissement thermal. La baignade dans ces eaux y est gratuite toute l’année. D’ailleurs, je m’y sens le bienvenue lorsque je me retrouve à côté de cette source aménagée aux lignes un peu droites. Loin de toute agitation, ce drôle aménagement de la source, aux formes très précises, daterait de 1963. Cette installation ne risque pas de changer (ni d’être détruit) dans les années à venir tant l’aménagement inspire une solidité à toute épreuve.
Autrefois, cette source était exploitée comme buvette thermale (+ embouteillage) et fût sujette à de nécessaires embellissements qui ont évolué au fil du temps.
Aujourd’hui, le réceptacle carré de la source Lefort est limité latéralement par des plaques rectangulaires. Une plaque semi-circulaire coloré d’un dépôt ferreux ouvre le pourtour de cet ensemble et recueille en premier lieu la fameuse eau. Puis celle-ci se déverse quelques mètres plus loin dans la Sioule.
Mais avant d’émerger, l’eau remonte dans un tuyau dissimulé dans une petite colonne d’ascension hexagonale surmontée d’une cloche en verre.
En tendant l’oreille vers la cloche en verre, je peux entendre l’eau chaude qui bouillonne et qui fait un bruit remarquable du fait de sa richesse en gaz carbonique. Sa richesse en dioxyde carbone et ses effets sur la micro-circulation cutanée sont merveilleux lors du bain. Pour en savoir plus, veuillez consulter notre article : Les énormes bienfaits du bain chaud.
En revanche, ce gaz qui se mélange à l’atmosphère est supportable que lorsqu’il s’échappe librement dans un environnement où l’air est renouvelé, ce qui est le cas ici. En milieu clos, lorsque celui-ci s’accumule, on peut alors très vite éprouver des difficultés à respirer, suivie d’une oppression. Pour en savoir plus, je vous invite à lire le début de l’article : « Nettoyer ses poumons avec des méthodes simples et naturelles ».
Autre bonne surprise, la source dégage une odeur d’oeuf pourri, un gaz particulièrement bénéfique pour les voies respiratoires.
Par contre le bassin a un niveau d’eau si peu profond qu’il faut s’y tenir dans une position fort incommode si l’on souhaite être immergé jusqu’au cou. Néanmoins, le renouvellement de l’eau est plus rapide et a l’avantage de ne pas trop affaiblir la température native du bain. Lors de mon passage la température de l’eau était de 30 degrés (et 32 au griffon).
D’ailleurs son débit était presque trois fois plus élevé lorsqu’elle fût captée pour la première fois en 1889 par rapport à aujourd’hui. Mais celui-ci a baissé dans les années qui suivirent en raison de nouveaux captages à proximité (et donc une incidence sur son débit).
Puis, la source Lefort fut recaptée en 1962-63. Bien que son débit remonta un peu, la mise en place de deux forages (qui alimenteront les thermes) dans les années 2000, à quelques dizaines de mètres des thermes réduisit à nouveau son débit.
Des pompages importants effectuées en 1987 (source du Bain tempéré dont le griffon est situé dans l’établissement) se sont traduits également par une baisse significative du débit de la source Lefort (Référence : données du BRGM).
Ainsi, ces sources voisines l’une de l’autre ont des griffons qui communiquent ensemble. C’est la même eau avec quatre conduites mais quatre noms différents. La source Lefort se démarque néanmoins des autres sources avec des eaux qui remontent naturellement jusqu’à la surface.
La source Lefort, qui doit son nom à un éminent médecin du XIXe siècle, est réputée pour ses nombreux bienfaits sur l’organisme. Elle aide à soigner les rhumatismes chroniques dégénératifs, les maladies de peau, les maladies des voies respiratoires, les allergies, l’hypertension, les varices.
C’est une eau carbo-gazeuse, bicarbonatée sodique, lithinée, potassique, ferrugineuse avec présence de soufre. Les boissons lithinées étaient connues autrefois pour leur efficacité dans le traitement de la goutte.
La source du Grand Saladis aux Martres de Veyre
Aux premiers abords, cette source ressemble à une mare, une sorte de bassin qui n’a ni forme, ni capacité déterminée. Pourtant, il s’agit bien d’un bassin naturel qui recueille une grande quantité d’eau thermale et dont la capacité reste constante. La température s’y maintient aux alentours des 22 degrés.
Le site a récemment été aménagé et il faudra emprunter la calade en pierre pour s’en approcher. Les sources du Saladis font partie d’un espace protégé qui est classé Natura 2000. En effet, les herbes autour du bassin ne sont pas tondues et des plantes halophiles (qui aiment la salinité) spécifiques à ces eaux semblent y trouver leur compte. La baignade y est normalement interdite.
Pour ce qui est des vertus curatives de ces eaux, les habitants du coin se plaisent à relater leur histoire et ses effets notamment sur l’eczéma et d’autres maladies de peau. Il est toujours possible d’utiliser ces eaux aujourd’hui, mais en utilisant le griffon d’à côté. Une résurgence canalisée appelée source du Petit Saladis se trouve à quelques mètres. Pour en savoir plus sur les sources du Saladis, je vous invite à lire l’article : Les sources du Saladis. Je vous invite invite également à consulter notre article sur les Sources de Sainte-Marguerite, ancienne station thermale.
La source Croizat au Mont-Dore
La route de Clermont-Ferrand au Mont-Dore compte parmi les plus belles de l’Auvergne. Elle est plus intéressante et plus boisée que bien d’autres. Le Mont-Dore est aussi l’un des plus beaux sites d’Auvergne. Le lieu plaira aux vrais amoureux de la nature. Les sources thermales y sont aussi très nombreuses et ont fait la renommée de la station thermale du Mont-Dore. Pas moins de 13 sources ont été recensées dont 8 qui seraient exploitées par les thermes du Mont-Dore.
Une jolie vallée mène à une belle promenade s’effectuant en partie sur le « sentier des sources », à 3 kilomètres de ce grand village. Par un sentier magnifique, longeant la rivière, on a rendu accessible la source Croizat, ressource autrefois exploitée par la station thermale de la Bourboule, propriétaire de celle-ci. Cette autre station thermale, est aussi située à 3 kilomètres de la source Croizat. Elle possède aussi quelques (grosses) sources thermales qui alimentent les établissements thermaux de la station.
Mais depuis 2016, la baignade est devenue interdite (risque d’amende). Bien connues et appréciées par les locaux pour ces propriétés, ces eaux spéciales et chaudes (38 degrés) continuent malgré tout d’attirer les personnes du coin et les touristes. Pour en savoir un peu plus sur l’histoire de la source Croizat, je vous invite à lire l’article : La source d’eau chaude naturelle du Croizat, Mont-Dore.
Les sources thermales de Chaudes-Aigues
La jolie petite commune de Chaudes-Aigues dans le Cantal est placée sur le bord d’un ruisseau (Le Remontalou) et entourée de montagnes. Elle offre des promenades agréables de tous côtés. Mais c’est principalement la présence d’eaux chaudes qui a contribué à renforcer l’attractivité du lieu.
Un peu d'Histoire
Vers l’An 450, Appoline Sidonaire, ancien évêque d’Auvergne, évoquait déjà la réputation de ces eaux qui jaillissaient au coeur de ce bourg médiéval.
On peut alors imaginer qu’à cette époque ce site globalement propice était un axe de passage favorable au bien-être, aux échanges et aux commerces, mais également aux invasions en contexte de conflit.
Lors de l’invasion des barbares, des auteurs de l’époque attestent des troubles qui touchent ce territoire. Des établissements thermaux publics furent détruits et ils ne restaient que les sources. L’histoire désigne par le mot « barbare » les bandes armées (goths, Vandales, Burgondes, Francs, etc.), qui du 3e au 6e siècle de notre ère, poussés par les Huns envahirent l’empire romain et renversèrent les empereurs d’occident en dévastant tout sur leur passage. Les bâtiments et les installations des thermes en faisaient partie.
Au XVIe siècle, sous le règne d’Henri IV, les thermes et la ville de Chaudes-Aigues, anciennement entourée de remparts, auraient été mis à sacs et incendiés par les protestants.
Malgré une succession de périodes obscures et de périodes prospères, les sources continuaient de se frayer patiemment leur chemin vers la lumière, même si plus personne n’était là pour leur témoigner confiance et reconnaissance. Aujourd’hui, un grand nombre de sources prennent naissance dans des maisons, fermées de toutes parts. D’ailleurs, une bonne dizaine de sources, parmi les 32 recensées dans la station seraient captées par des particuliers, notamment dans les maisons voisines de la source du Par.
Ces maisons sont autant d’établissements thermaux appelés aussi thermes ou bains se présentant sous des aspects extrêmement divers. Les sources peuvent être utilisées pour l’eau chaude sanitaire, pour le chauffage ou bien remplir une simple piscine d’origine. Mais ce dernier cas reste difficile à imaginer, d’autant plus qu’un bâtiment recevant des installations thermales est toujours menacé par l’humidité et réclame beaucoup d’entretien.
La source du Par, source la plus chaude de France
Les sources thermales de Chaudes-Aigues sont au nombre de 32. Elles sont de type bicarbonatées sodiques et carbo-gazeuse. Leur température varie de 40 à 82°C. La plus considérable est celle du Par, qui est située dans un quartier élevé de la ville, dont la température est la plus élevée, et qui autrefois alimentait en grande partie les besoins d’un grand nombre d’habitants pour leur chauffage. C’est aussi celle qui expédie au dehors la plus grande quantité d’eau.
L’eau de la source du Par remonte naturellement (pas de pompage) à la surface où elle est recueillie dans une sorte de bassin en pierre, qui se trouve en pleine rue, tout en laissant une légère impression ocracée. Mon thermomètre indiquait une température record de 80,6 degrés.
Lors de sa chute (l’eau de la source du Par), toute celle qui n’est pas parvenue dans les habitations va se rendre dans un réservoir qui va distribuer à l’aide de canaux d’autres habitations qu’elle doit chauffer. Elle va aussi alimenter plusieurs fontaines de la ville, dont la plus touristique : la Fontaine du Par. Celle-ci reçoit environ 1/5 du débit total (300 litres par minute) de la source du Par.
Mais depuis 2010, la source du Par doit répondre aux besoins en eau chaude du nouvel établissement thermal et d’un espace thermoludique. Elle n’est donc plus une ressource pour le chauffage d’un grand nombre d’habitants. Seule une certaine quantité est encore utilisée pour le chauffage de l’église.
Examinée dans un verre, l’eau de cette source est d’une limpidité parfaite. La saveur de cette eau minérale est peu salée, un peu fade; elle n’est pas désagréable à boire. Elle n’offre aucune odeur bien marquée. Néanmoins, les vapeurs thermales, qui se répandent sur le lieu sont particulièrement bénéfiques pour les voies respiratoires, notamment grâce à sa richesse en ions bicarbonates mais aussi aux nombreux éléments chimiques qu’elles renferment et qui interagissent ensemble.
💡Différence entre fontaine et source : une source se transforme au fil du temps en fontaine. Des canalisations sont créées, des rigoles drainent l’eau et on se retrouve avec une fontaine ou un lavoir. Rappelons toutefois que les vertus thérapeutiques d’une eau minérale (chaude ou froide) ne se manifestent pleinement que lorsqu’elle est bue à la source.
🗺️ Retrouvez également sur notre carte :
– la source chaude de la grotte Geothermia (température relevée de 33 degrés)
– la fontaine de la place du marché (température relevée de 66 degrés) alimentée par la source du Par
– la fontaine de la place au beurre (température de 64 degrés) alimentée par la source du Par
– une fontaine dans le parc thermal du Moulin (température relevée de 50 degrés) alimentée par la source du Par
– le lavoir public (température relevée de 37 degrés) alimentée par la source chaude Lestande 2
La source de la Tête de Lion à Saint-Floret
Saint-Floret possède quelques sources d’eaux thermales froides autrefois réputées. L’une d’elles avait la réputation de guérir les problèmes gastriques des enfants, d’où son nom source du ventre. Elle se trouve dans le bourg et n’est malheureusement plus accessible au public. Mais la vallée offre aussi, à environ 2 kilomètres du bourg (en direction de Saurier), une source spectaculaire et accessible à tous appelée « source de la Tête du Lion » ou source de la Ribeyre, formant une curiosité géologique aux figures les plus monstrueuses. Cette source est à l’origine de travertins qui sont les plus imposants de la région Auvergne.
La source est riche en fer, en carbonates et en gaz carbonique qui sont à l’origine de dépôts importants de carbonates. Les scientifiques les appellent travertins. Ces encroûtements calcaires sont parfois teintés de rouge à cause du fer contenu dans l’eau.
Un sentier qui commence au Pont de Ribeyre (enjambant la Couze Pavin) conduit en lacets à travers la forêt, après 10 minutes de marche, à un point de vue où l’on peut découvrir une énorme concrétion calcaire formée par la source de la Tête de Lion.
On peut alors contempler une sorte de gueule de monstre dont la forme et la couleur évoque une tête de lion; il est d’un blanc brunâtre ravissant, teinte qui contraste avec une nature partout ailleurs sauvage. De face, on peut voir un massif stalacmitique énorme qui s’appuie sur le flanc de colline de tout son poids.
Pour découvrir une autre « gueule de monstre » de ce style, je vous invite également à consulter notre article sur la fontaine pétrifiante de Réotier. La source qui l’alimente est à l’origine de travertins qui font partie des plus spectaculaires de la région PACA.
On peut monter ensuite à gauche (à quelques dizaines de mètres du point de vue) en suivant le sentier balisé afin de découvrir le griffon de la source.
En collant l’oreille au sol, on entend le gargouillis de l’eau qui sort de terre en filet fortement gazeux. Mon thermomètre indiquait une température de 14,6 degrés au niveau de l’émergence et 15 degrés au niveau d’une petite résurgence (photo sur la carte) un peu plus bas à mi-parcours au bord du sentier.
Autrefois, la source était réputée pour ses vertus et les gens venaient y puiser de l’eau. Elle fût alors embouteillée vers la fin du XIXe siècle. Mais son débit trop faible (3 litres à la minute) et l’isolement du site n’ont pas permis une exploitation perenne.
Comme auprès des Saladis, des plantes halophiles (qui aiment la salinité) spécifiques à ces eaux semblent pouvoir s’épanouir librement dans la nature.